Carnets de voyage

Sous le soleil de Guam

L'île de Guam.

Photos : Émilie Robichaud

23 octobre 2008

Émilie Robichaud, finissante au baccalauréat en communication-marketing

Qui n'a pas voulu un jour partir à l'autre bout et tout laisser derrière soi? C'est exactement ce que j'ai fait : partir quatre mois étudier à l'Université de Guam sur une petite île perdue dans le sud du Pacifique. Après avoir dépensé 2150 $ pour mon billet, pris 4 vols et passé 22 heures dans des avions, me voilà sur l'île paradisiaque de Guam, dans les îles Mariannes, au cœur de la Micronésie.

Je me retrouve au milieu de la jungle, dans une petite résidence universitaire avec une cinquantaine de Chamorros. Les Chamorros sont le peuple local, ils sont très amicaux et généreux. Au début de mes cours à l'université, on me demandait souvent si j'étais mariée avec un militaire. Étrange? Pas vraiment, car les seuls caucasiens (blancs) de l'île sont des militaires américains qui vivent dans l'une des trois bases. Guam a une superficie de 541 km², un peu plus que l'île de Montréal. Le pays a une population semblable à celle de la ville de Sherbrooke, soit 154 000 habitants! Plus de 40 % de l'île est réservée aux militaires, soit ROTC Army, NAVY, Submarines ou encore Anderson US Air Force. Je remarque dans le ciel plus de jets militaires que d'oiseaux.

Une île mystérieuse

Bruce, Emilie et Toren regardent une araignée dans la jungle.

L'île m'apparaît si mystérieuse. D'abord, on ne retrouve pratiquement aucune information sur cette île. Ensuite, il y a un mélange culturel remarquable entre les pays asiatiques, les îles micronésiennes et les îles hawaïennes. De plus, aussi étonnant que cela puisse paraître, dans les îles Mariannes (incluant Guam), les Chamorros croient en la magie. Ils sont persuadés que les potions, les sorts et les esprits peuvent affecter nos vies. Chaque fois que quelqu'un entre dans la jungle ou dans une grotte, il faut demander la permission aux esprits. Comment? En récitant une formule qui commence par «Chers arrière-grands-parents, laissez-nous entrer dans cet endroit...». Je peux vous dire que lorsque vous êtes dans la jungle et que la personne à côté de vous se met à réciter des paroles dans une langue que vous ne comprenez pas, ça vous donne la frousse assurément!

Végétation du sud de l'Île de Guam.

Si vous pensez que les habitants de l'île de Guam vivent nus dans des huttes et se déplacent en pirogue, eh bien, détrompez-vous! À ma grande surprise, les étudiants de l'Université de Guam se promènent en auto sport et en voitures modifiées en écoutant à tue-tête du gangster-rap américain. Je dois avouer que la mondialisation fait son chemin. Bien que je sois totalement perdue à l'autre bout du monde sur une petite île, la nouvelle chanson d'Usher joue dans les voitures, dans les bars et à la radio. On s'entend quand même que les habitations ici sont assez modestes et que les Chamorros tuent leur poulet dans la cour pour manger! Il importe aussi de mentionner qu'on est bel et bien dans la jungle la plus totale et dense qui soit. Il y a beaucoup plus d'animaux et de bestioles sur l'île que de personnes! D'ailleurs, les lézards s'infiltrent tous les jours dans ma chambre, et les coquerelles ainsi que les fourmis prolifèrent dans la cuisine.

Plage de Tumon.

L'île est ouverte aux touristes depuis seulement 40 ans. Des Japonais fortunés viennent dépenser des sommes astronomiques dans les boutiques de luxe hors taxes. Mais Guam est malheureusement plus qu'un centre commercial pour touristes, car il y a aussi le tourisme sexuel propre aux pays asiatiques. J'ai été traumatisée et dégoûtée par ce que j'ai découvert dans la seule ville de l'île, Tumon. Des clubs de danseuses, des salons de massage et des bars à karaoké se partagent la seule grande avenue de Tumon. Vous ne voulez pas savoir ce qu'une danseuse nue est prête à faire pour un billet de 1 $. Les danses contact et les spectacles sadomasochistes sont mis de l'avant et pour pas cher!

Les femmes et les enfants

Mer des Philippines.

Je suis aussi très scandalisée de m'apercevoir que les femmes ne sont pas égales aux hommes. Un retour dans le temps assuré! Les hommes prennent les décisions et les femmes sont à leur service. Traditionnellement, les femmes n'ont pas le droit de sortir dans les bars, elles doivent s'occuper des enfants.

Comme on me l'a expliqué, c'est dans la culture chamorro d'avoir des enfants très jeune. En fait, les femmes ont des enfants dès l'âge de 13 ans et jusqu'à 17 ans. Ce qui implique que les enfants sont élevés par les grands-parents, qui ont seulement entre 30 et 35 ans. Par le fait même, les arrière-grands-parents sont seulement âgés de 45 à 50 ans!

Ville de Tumon.

Contrairement à la culture occidentale, une adolescente enceinte n'a pas à avoir honte; au contraire, tout le village se réjouit de la venue d'un nouveau-né. Les jeunes femmes enceintes sont nombreuses à l'Université de Guam. Elles suivent leurs cours jusqu'au jour de leur accouchement et retournent sur les bancs d'école une semaine après l'arrivée du bébé. C'est plutôt déstabilisant de voir toutes ces femmes enceintes. Aussi, à l'université, les autres étudiantes me demandent souvent combien d'enfants j'ai, et elles restent surprises lorsque je réponds que je n'en ai pas encore.

Campus de l'Université de Guam.

Après un peu plus d'un mois ici, mon coup de cœur a été une excursion dans la jungle jusqu'à l'entrée d'une grotte nommée Pagat. J'étais accompagnée de cinq amis chamorros et, à l'aide de chandelles, nous avons marché dans de l'eau glacée jusqu'à une cavité intérieure où nous avons pu nager dans l'obscurité de cette grotte ancestrale, c'était fabuleux.

Émilie vous invite à suivre ses aventures hebdomadaires sur son site.